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    L'horreur de l'anonymat est un des traits les plus fortement marqués de la nature humaine. On a besoin d'une signature. Pour les grandes catastrophes, par exemple. Pas possible d'admettre qu'on ne connaît pas l'expéditeur. Alors, on l'appelle Dieu. Ou Hitler, Sta­line. On veut des noms. Pouvoir dire qu'on sait d'où ça vient. Ce qui explique l'histoire, la métaphysique, le journalisme, le café du Commerce et les discours ministériels. Autant de tentatives, de techniques, d'entreprises pour identifier l'envoyeur. Les choses qui arrivent, il faut qu'elles partent de quelqu'un. La méde­cine aussi, c'est un moyen de trouver l'envoyeur. La souffrance toute pure, insupportable. Soulagement dès qu'on est assuré qu'elle vient de la rate, du foie, de la vessie ou du duodénum. Du moment qu'il y a une signature, on pourra toujours s'y faire. Trouver le coupable, le responsable. Se livrer à un jeu quel­conque de précautions, de répliques, mener un dialo­gue, ou du moins craindre - avec un complément d'objet; haïr avec un complément d'objet. Mais ce vide...


    Georges Hyvernaud - Lettre Anonyme -

     

    Georges Hyvernaud - Lettre Anonyme -



     


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  • Je suis dépourvu de foi et ne puis donc être heureux, car un homme qui risque de craindre que sa vie ne soit une errance absurde vers une mort certaine ne peut être heureux. Je n'ai reçu en héritage ni dieu, ni point fixe sur la terre d'où je puisse attirer l'attention d'un dieu : on ne m'a pas non plus légué la fureur bien déguisée du sceptique, les ruses de Sioux du rationaliste ou la candeur ardente de l'athée. Je n'ose donc jeter la pierre ni à celle qui croit en des choses qui ne m'inspirent que le doute, ni à celui qui cultive son doute comme si celui-ci n'était pas, lui aussi, entouré de ténèbres. Cette pierre m'atteindrait moi-même car je suis bien certain d'une chose : le besoin de consolation que connaît l'être humain est impossible à rassasier. [...]

    Mais tout ce qui m'arrive d'important et tout ce qui donne à ma vie son merveilleux contenu : la rencontre avec un être aimé, une caresse sur la peau, une aide au moment critique, le spectacle du clair de lune, une promenade en mer à la voile, la joie que l'on donne à un enfant, le frisson devant la beauté, tout cela se déroule hors du temps. Car peu importe que je rencontre la beauté l'espace d'une seconde ou l'espace de cent ans. Non seulement la félicité se situe en marge du temps mais elle nie toute relation entre celui-ci et la vie [...]

    Le monde est donc plus fort que moi. A son pouvoir je n'ai rien à opposer que moi-même - mais, d'un autre côté, c'est considérable. Car, tant que je ne me laisse pas écraser par le nombre, je suis moi aussi une puissance. Et mon pouvoir est redoutable tant que je puis opposer la force de mes mots à celle du monde, car celui qui construit des prisons s'exprime moins bien que celui qui bâtit la liberté.  Mais ma puissance ne connaîtra plus de bornes le jour où je n'aurais plus que mon silence pour défendre mon inviolabilité, car aucune hache ne peut avoir de prise sur le silence vivant.

    Telle est ma seule consolation. Je sais que les rechutes dans le désespoir seront nombreuses et profondes, mais le souvenir du miracle de la libération me porte comme une aile vers un but qui me donne le vertige : une consolation qui soit plus qu'une consolation et plus grande qu'une philosophie, c'est-à-dire une raison de vivre.

    Stig Dagerman


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  • La somme des jours inférieurs.


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    Depuis qu'il a décidé de jouer aux dés chacune de ses décisions, le Dr Rhinehart, un psychiatre new-yorkais,a transformé sa vie ennuyeuse en un immense jeu de hasard. Très vite le «syndrome du dé» se répand Expérimentateur en chambre, pionnier du chaos, le Dr Rhinehart a peut-être inventé sans le savoir le moyen d'en finir une fois pour toutes avec la civilisation: Mais le F.B.I. veille...

    Publié aux U.S.A au début des années 70, L'Homme-dé circule sur les campus et devient l'un des premiers livres cultes de la décennie. En pleine libération sexuelle, tandis que l'opposition à la guerre du Vietnam bat son plein, que s'amplifie le soutien aux Black Panthers et à la légalisation de la marijuana, L'Homme-dé apparaît comme un manifeste subversif, affirmant le droit â l'expression de tous les fantasmes.

     

     


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